18.03.2019

Projet de plan national intégré en matière d’énergie et de climat : des objectifs ambitieux qu’il faut saluer – des mesures concrètes en vue de leur transposition devront néanmoins suivre !

Le papier est indulgent. Aussi positifs que les objectifs que s’est fixés le gouvernement soient (et malgré l’appui explicite de Votum Klima), aussi mystérieuse reste la manière dont le gouvernement entend faire usage pour les transposer. Or, une politique de protection du climat ciblée et efficace requiert des mesures concrètes !

Communiqué de presse du 18 mars 2019

Projet de plan national intégré en matière d’énergie et de climat : des objectifs ambitieux qu’il faut saluer –  des mesures concrètes en vue de leur transposition devront néanmoins suivre !

Fin février, dans le cadre des objectifs européens pour 2030 en matière de changement climatique, le gouvernement a présenté son projet de plan national intégré pour l’énergie et le climat (PNEC). Le but des plans PNEC est de veiller à ce que tous les États membres présentent, ouvertement et pleinement, leurs politiques et objectifs énergétiques et climatiques respectifs pour les 10 prochaines années, ainsi que les contributions qu’ils entendent apporter aux objectifs définis dorénavant à échelle européenne.

Les 23 organisations non gouvernementales luxembourgeoises (1) qui sont regroupées au sein de la plateforme Votum Klima se félicitent expressément du fait que le Luxembourg reconnaisse les principaux défis à relever en matière de protection du climat avec son projet de plan PNEC et qu’il se soit fixé d’importants objectifs de réduction.

L’objectif de réduction des gaz à effet de serre (entre -50 et -55% jusqu’en 2030) est très ambitieux, surtout si on le considère par rapport à l’objectif européen actuel qui est de -40%. L’objectif d’efficacité énergétique, qui fixe les économies qui seront nécessaires à 40-44%, doit également être qualifié de positif. Cependant, les énergies renouvelables ne devront couvrir que 23 à 25% de la demande énergétique totale jusqu’en 2030, le gouvernement misant notamment sur le renforcement de la coopération avec d’autres États membres. Cette approche contient des failles et est insatisfaisante, surtout si l’on sait que le retard du Luxembourg en matière d’énergies renouvelables est le plus important dans la comparaison européenne (6,4% en 2017).

Le papier est indulgent. Aussi positifs que les objectifs que s’est fixés le gouvernement soient (et malgré l’appui explicite de Votum Klima), aussi mystérieuse reste la manière dont le gouvernement entend faire usage pour les transposer. Or, une politique de protection du climat ciblée et efficace requiert des mesures concrètes ! En tout état de cause, la politique actuelle du gouvernement ne permettra pas d’atteindre ces objectifs. Bien au contraire !

Suivant les exigences de l’UE, le gouvernement ne sera contraint qu’en cours d’année de présenter les instruments qu’il entend mettre en œuvre pour atteindre les objectifs en matière de climat et d’énergie. A cette date, nous ignorons totalement comment le gouvernement entend y parvenir. De même, la prochaine étape de l’élaboration des PNEC reste tout aussi obscure jusqu’ici. Il n’est pas connu dans quel cadre il est prévu d’en discuter, ni quelles institutions et/ou organisations seront impliquées à cet égard.

Les directives européennes font que la protection du climat devient un acte purement technique dans ce plan : une mission technique qui requiert des mesures et solutions techniques ! Les termes comme « consommation », « mode de vie » ou encore « suffisance » y font carrément défaut, alors qu’ils occupaient encore une place très importante dans le rapport de Reinhard Loske rédigé en juin 2018 pour le compte du ministère de l’Environnement. La politique nationale en matière de climat doit être considérée dans son envergure d’ensemble et doit être traitée en conséquence, c’est-à-dire elle doit être placée dans le contexte des objectifs de développement durable et d’empreinte écologique, ainsi que des critiques autour de la croissance économique.

Votum Klima insiste pour que

  • les objectifs présentés sur papier ne restent pas lettre morte. Les mesures concrètes qui sont à produire jusqu’à la fin de l’année devront permettre – et cela sans réserve aucune – d’atteindre concrètement les objectifs dorénavant reconnus officiellement ;
  • la présentation des mesures soit accompagnée de calculs transparents, mis ouvertement sur la table, afin de pouvoir retracer et de comprendre quelles mesures pourront être transposées de manière réaliste grâce aux diverses mesures concrètes ;
  • un processus (c)oordonné soit lancé avec le concours de partenaires nationaux et de représentants de la société civile ;
  • la politique nationale en faveur du climat soit définie de manière bien plus précise qu’elle ne l’est dans ce projet de plan trop axé sur la technique.

Ce n’est qu’après avoir rempli les conditions ci-énoncées qu’on disposera de critères pertinents permettant de déterminer si le gouvernement envisage de mener une politique sérieuse en matière de protection du climat et de transition énergétique !

Contact :

Paul Polfer, Mouvement Ecologique, tél. 43 90 30 – 1

Martina Holbach, Greenpeace, tél. 54 62 52 24

 

(1) La plateforme Votum Klima réunit les ONG luxembourgeoises suivantes :

Aide à l‘Enfance de l‘Inde, Action Solidarité Tiers Monde (ASTM), ATTAC Luxembourg, Bio-Lëtzebuerg-Vereenegung fir Bio-Landwirtschaft Lëtzebuerg asbl, Caritas Luxembourg, Centre for Ecological Learning Luxembourg (CELL), Cercle de Coopération, Conférence Générale de la Jeunesse du Luxembourg (CGJL), Eglise Catholique à Luxembourg, etika, Eurosolar Lëtzebuerg, Fairtrade Lëtzebuerg, Frères des Hommes, Greenpeace Luxembourg, Kommission Justitia et Pax, Lëtzebuerger Velos-lnitiativ, Mouvement Ecologique, natur&ëmwelt, Orang Utan Help Lëtzebuerg, partage.lu, SOS Faim Luxembourg, UNICEF, Vegan Society Luxembourg, VegInfo